Dabbar: ''Nous sommes tous en liberté conditionnelle...''
Lors de son intervention dans "Midi Show", ce mercredi 17 juillet 2024, le président du Syndicat nationa des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabar, a exprimé son indignation face à l'augmentation des restrictions imposées aux journalistes dans l'exercice de leur profession. Il a souligné qu'il était impossible de parler de liberté d'expression, dans le contexte du décret numéro 54.
L'invité a, par ailleurs, rejeté les poursuites judiciaires et les harcèlements contre les journalistes sur la base d'autres lois que les décrets 115 et 116 qui régissent la profession, mentionnant en particulier l'article 24 du décret 54 qui menace le travail journalistique et la liberté d'expression. Il a ajouté que la Tunisie est presque le seul pays à ne pas avoir de loi régissant cette profession sensible.
Il a poursuivi en disant : "Rien n'a changé, en l'absence de toute vision réformatrice pour ce secteur; bien au contraire... c'est comme si nous étions revenus en arrière !... Avec ce décret 54, qui est devenu le slogan de cette période, tous les journalistes et même les citoyens sont en liberté conditionnelle."
Le président du SNJT a estimé que cela est en totale contradiction avec la Constitution, le discours du Président de la République, les chartes et traités internationaux et même avec les particularités de la période actuelle.
Couverture de la présidentielle
En parlant de la présidentielle, Zied Dabar a indiqué qu'il s'agit d'un processus complet qui ne peut se limiter au jour du scrutin. "Aussi plusieurs questions se posent-elles concernant le débat électoral ou celui public sur les candidats...Auront-ils lieu ?", s'est-il demandé.
Dans le même contexte, le président du Syndicat a exprimé sa forte surprise de voir l'Instance supérieure indépendante pour les elections (ISIE) s'ériger en "tutrice" des médias, affirmant avec insistance que cela n'est pas de son ressort.
Et de poursuivre : "Nous en sommes arrivés là parce que le pouvoir politique en place a gelé La Haute Autorité indépendante de la communication et de ľaudiovisuel (HAICA) qui jouait un rôle important dans le paysage journalistique, comme surveiller les articles et les programmes... puis prendre les décisions disciplinaires et d'orientation nécessaires, mais nous avons dépassé cela et chaque erreur professionnelle peut maintenant conduire en prison".
Dabbar a, par ailleurs, indiqué qu'un document de travail orientant la couverture électorale sera bientôt publié, soulignant que le citoyen ne peut se faire une idée de la réalité que grâce à un média sérieux, libre et impartial, et que le devoir du journaliste est de garantir le droit du citoyen à une information crédible.
Déclaration du ministère de la Justice
Dans un autre contexte, l'intervenant a déclaré qu'il est du devoir des médias de parler de ce qui s'est récemment passé au ministère de la Justice et que ce dernier aurait dû fournir des explications à ce sujet, au lieu de publier un "communiqué de menace".
Ce département avait, en effet, décrété, dans un communiqué public, que "toute personne qui mène des campagnes malveillantes contre les institutions de l'État et les cadres judiciaires ou administratifs, diffuse des rumeurs et propage des mensonges, ou porte atteinte à la réputation et à l'honneur, et quiconque contribue à leur diffusion de manière systématique se place sous le coup de la loi et sera poursuivi en justice, que ce soit en Tunisie ou à l'étranger".